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L'affaireBenjamin Constant
Le procès ducélèbre écrivain vient de s'ouvrir
Le réquisitoire sera prononcé par le ProcureurGuillemin
M. Benjamin Constant a chargé Maître FrançoisMauriac des intérêts de sa défense
La condamnation de M. Constant paraîtprobable
Suit une longue relation du "procès", dont Patrick Berthier donne seulement la présentation, intitulée "Le match Guillemin-Mauriac"; l'arbitre présente les deux combattants : A ma gauche, Henri Guillemin, trente - deux ouvrages et trente - deux dents, les uns et les autres féroces, le plus grand historien français de ce temps, des tonnes de documents et l'impétuosité des passions, dont celle de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, docteur ès lettres, docteur ès sciences économiques (ou qui mériterait d'être tout cela), ancien élève de l'Institut de Médecine légale de la République des Lettres, diplomé de l'École Supérieure de Dissection et de Physiologie littéraire, ancien commissaire stagiaire à la Brigade des Murs des grands hommes, ancien inspecteur à la Brigade financière de l'Histoire du XIX ème siècle, chargé de mission à la Direction Générale des Études, Recherches et Filatures sur les personnages célèbres, ancien secrétaire privé de Victor Hugo, ancien attaché de cabinet de M. de Lamartine, chargé de recherches au Centre national d'Élucidation des motifs cachés, titulaire de la Médaille du mérite Critique, grand officier de l'ordre des Poux dans la Toison d'Or. Signe particulier : risque de n'être jamais académicien. Catholique, s'est mis à dos les bons chrétiens; historien, a fait pâlir les professionnels de l'histoire; homme de gauche, s'est aliéné les hommes de gauche par ses attaches cléricales; diplomate, a passé sa vie à mettre les pieds dans les plats; critique, a fait jaunir ses confrères par les signes d'un talent impétueux et les témoignages d'une érudition écrasante. A ma droite, François Mauriac, viticulteur qui produit un vin doux, etc...