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Les diatribes dont Guillemin fut l'objet ne manquèrent pas, M. Patrick Berthier, dans son livre : "Guillemin, légende et vérité" (Éditions d'Utovie, 1982, toujours disponible), dresse un catalogue, des plus intéressants, qui regroupe des centaines d'extraits d'articles de presse, pour ou contre Guillemin. Nous en avons extrait un échantillonnage qui donne la mesure des haines qu'il suscita."Le cloporte, crustacé de l'ombre, grouille autour des sentines. M. Guillemin fait dans la littérature comme le bébé fait dans ses langes. Ayant ouvert, il y a quelques années, une entreprise de démolition, M. Guillemin y fait entrer tout ce qu'il y a de grand dans notre histoire littéraire pour ramener le monument à sa taille. Le cloporte dépasse rarement deux centimètres. Que restera-t-il donc des travaux de M. Guillemin quand le cloporte aura cessé de traîner sur la route les excréments de la gloire ?" signé G.V. (Juvénal, 14 février 1969).
Pour son livre : "Hugo et la sexualité", la meute critique se déchaîne : Maurras ne fait pas dans la dentelle : "pédé sans cervelle" ( Aspects de la France, 20 août 1954 ), V. - H. Debidour écrit " C'est Hugo qui rend un service, palpable et douteux, à M. Guillemin en lui permettant de toucher des droits d'auteur personnels sur ses éphémérides séniles" Bulletin des Lettres (15 juin 1954). Les gentillesses se suivent : "l'aumonier des intellectuels égarés" (Henri Amouroux dans Sud-Ouest du 23 janvier 1956).
Au sujet de l'ouvrage "M. de Vigny, homme d'ordre et poète"Jean-René Huguenin, dans l'hebdomadaire Arts : "D'où vous vient ce mélange de dédain et d'envie, ces cris d'orgueil blessé ? Les morts que vous écorchez ne se défendent pas : pourquoi reste-il toujours, auprès de leurs corps meurtris, un peu de votre sang mêlé au leur ?" "Le plus étrange est qu'il ait créé, pour mieux le détruire, un Vigny qui lui ressemble : le policier des Lettres dénonce le policier de l'Empereur". "Cet ange exterminateur".
Sur Chateaubriand et "L'Homme des Mémoires d'outre-tombe" José Cabanis écrit : Guillemin fait le procès des morts, les accable, et montre une jubilation qui fait rêver, quand il peut leur prêter quelque infâmie" (La Table ronde, septembre 1964).
Pour "Regars sur Bernanos" un article signé Jacques Vier : "Je sais qu'il est pressé, que le mensonge pullule et qu'il est le seul à curer les cimetières marins ou terrestres et à trier les détritus".
Xavier Grall, dans l'article sur "Le converti Paul Claudel", intitulé "Un rat dans le cadavre du lion" : "Henri Guillemin. est de la race des vautours, il assassine, pille, calomnie les morts". Les Nouvelles Littéraires (30 avril 1970).
Sur son "Jeanne, dite Jeanne d'Arc", Pierre de Boisdeffre écrit dans : Le cri du monde (février 1969) "Dès qu'on ouvre un livre d'Henri Guillemin, la question désormais se pose, inévitable : qui, maintenant, va-t-il salir ?"
En mai 1969, dans un article du Monde, où H.G. parle de l'amour chez Péguy, le Révérend Père Pie Duployé, à travers quatre pages d'une extrême violence de la part d'un chrétien, lancera sont "Saint Guillemin " sarcastique. Sans parler du scandale de la parution, en 1981, des 500 pages de l'ouvrage intitulé : "Charles Péguy", que H.G. mit dix ans à rédiger (il y reviendra dans "Précisions").
En août 1969, après son "Napolèon tel quel", le président de la République française, Pompidou, déclarera officiellement : "ce Guillemin qui a passé sa vie à fouiller les poubelles".
Même si Henri Guillemin commit quelques erreurs dont il s'en excusera soit dans son "sottisier" à la fin du livre "Précisions", soit à travers les entretiens qu'il eut avec Patrick Berthier (reproduits dans "Le cas Guillemin", Gallimard 1979, toujours disponible), ou à travers ceux avec Jean Lacouture (reproduits dans "Une certaine espérance", Arléa 1992, toujours disponible), il ne semble pas que celles-ci soient de nature à déchaîner tant d'insultes et d'invectives.
Toujours est-il qu'à la parution de "L'Homme des Mémoires d'outre-tombe", Henri Guillemin fut le lauréat, pour l'année 1965, du Grand Prix de la Critique Littéraire, prix fondé en novembre 1948, dont le but est d'encourager la création dans l'ordre de la Critique et de l'Histoire Littéraire.