MIRBEAU Octave. Le Jardin des supplices.
Illustré d'eaux-fortes originales (11) de Raphaël FREIDA.
P, Javal et Bourdeaux 1927, in-4 (33 x 25,8
cm) de (10) XVIII 204 (3)
pp. sous couverture rempliée verte de l'éditeur (dos un
demi ton plus
clair et petite fente à la pliure du bas du dos, sous papier
cristal -
peccadille… mais signalé ! - étui absent). Tirage
à 538 exemplaires, un
des 360 sur beau papier vélin d'Arches. Outre les onze
eaux-fortes,
gravés sur bois par A. Prota : 2 grandes pages de
première et de
seconde partie avec titre à la chinoise dans les parties
évidées d'une
grande porte de temple en noir et turquoise; tête de chapitre
dans un
cadre de bambou (tête de dragon pour la première partie
porte de temple
pour la seconde) lettrines surmontées d'un chien de Fô
pour la première
partie et d'un Bouddha pour la seconde et deux culs de lampe,
répétés
(réduction du dragon ou de la porte). Commencé en 1926
l'ouvrage a été
achevé d'imprimer le 20 décembre 1927.
Les eaux-fortes de Raphaël Freida magnifiques
d'expressivité, où tous
les muscles des sujets ressortent tels un "écorché", sont
de grande
qualité avec, lorsque l'on passe le bout des doigts sur la
planche, une
sensation de relief; elles sont réunies sous une chemise de
papier
Arches, protégées par une serpente. 480 euros
Raphaël FREIDA (Digne
1877 - Paris 1942) peintre, affichiste, illustrateur de cinq ouvrages
de bibliophilie Poèmes barbares. de Lecomte de Lisle - OEdipe
Roi de Sophocle - Thaïs d’Anatole France -
Hérodias de Gustave Flaubert et Le Jardin des supplices
d’Octave Mirbeau (Il obtiendra pour ce dernier, la
médaille d’or du Salon des Artistes en 1928).
Abandonné par son père, il restera avec sa mère
jusqu’au décès de celle-ci en 1920. De 1892
à 1899 il mène des études brillantes à
l’École nationale des Beaux-Arts de Lyon, puis il
s’installe à Paris où il sera
l’élève de Jean-Paul Laurens.
Parmi les traits dominants de l’oeuvre de Freida, il y a une
dimension baroque et théâtrale. Les scènes sont
souvent surchargées, avec abondance de détails. La
violence et la douleur sont également redondantes. Les corps
sont presque toujours sous tension, parfois entremêlés, et
conjugués aux armes et aux blessures, ils semblent faire
l’objet d’un érotisme morbide. Les rapports entre
les personnages sont le plus souvent de l’ordre de la violence et
de la menace, mais aussi de l’emprise et du pouvoir. La
sérénité est absente de cette oeuvre. Les
décors montrent fréquemment un aspect de
décomposition soulignant la vanité des hommes sur
lesquels plane l’ombre de la mort. Enfin le trait du dessin est
incisif et sec, soulignant cette agressivité.
Extraits de “Les gueules cassées
représentées par de grands peintres” - Auteurs :
Louis-Paul FISCHER, Nicolas MÉROC, Jean FRAPAT,
Frédéric CHAUVIN, Chantal ROUSSET
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